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RENCONTRE AVEC CATHERINE LEVESQUE-LECOINTRE,
162 MERCI
162, c'est le nombre de newsletters que Catherine Levesque-Lecointre a rédigées passionnément pour le Festival de Ménigoute. Chaque mois, depuis treize années, elle nous a prêté sa plume engagée pour la nature et a fait couler une encre vive et brillante. Pour la 40e édition, la newsletter du Festival de Ménigoute prend un nouveau départ avec une rédaction désormais réalisée par l'équipe et une parution bimestrielle à partir du mois de mars.
Autrice, journaliste pigiste, mais aussi , blogueuse, community manager… Les mots constituent une arme de choix pour Catherine Levesque-Lecointre qui n'hésite pas à s'en servir pour défendre les causes qui l'animent et pour mettre en avant de grandes préoccupations sociétales et environnementales. Une vocation qu'elle porte avec sincérité depuis l'âge de treize ans.
Que ce soit pour en découvrir davantage sur la beauté de la nature ou pour mieux s'armer pour la défendre et lui redonner la place qui lui est due, Catherine Levesque-Lecointre s'emploie à déployer sa plume d'autrice engagée. Impossible de ne pas trouver son compte parmi ses nombreux ouvrages.
ENCHANTÉ.E !
« Je suis intrinsèquement journaliste et militante, je ne sépare pas les deux. Les choses se sont faites parallèlement, très tôt. À 13 ans, je faisais déjà partie de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) et j'animais un club Connaître et protéger la nature (FCPN), et à 15 ans je voulais devenir journaliste. Je suis autrice depuis mes 20 ans, journaliste spécialisée sur les questions de nature et d'écologie pratique, je suis membre des Journalistes écrivains pour la nature et l'écologie (JNE)… Au fil du temps et par la force des choses, je suis devenue couteau suisse et mon métier s'est transformé. Je ne me considère pas du tout comme naturaliste, mais je suis viscéralement attachée à la nature et au monde vivant en général.
J'ai presque 52 ans, et en commençant le militantisme à 13 ans… j'avoue que je suis quand même dans une phase extrêmement découragée. C'est lié au fait que l'État se désengage totalement, si tant est qu'il se soit engagé un jour, et je suis consternée par l'inaction climatique de nos dirigeants. Depuis deux ans, il y a une Charte pour un journalisme à la hauteur de l'urgence écologique dont je suis signataire, c'est un bel outil. Maintenant, le défi est de faire en sorte que les médias dits grand public se l'approprient parce qu'au sein des JNE, on a déjà les connaissances. Le vrai défi, c'est de traiter de manière transversale les problématiques écologiques.
J'ai travaillé essentiellement pour des supports grand public afin de sensibiliser le plus grand nombre. Je suis contente de l'avoir fait, mais j'avoue que j'ai un peu utilisé toutes mes cartouches. Le guide pratique de l'écoguerrier était une bonne idée de Marc Giraud. Ce qu'on criminalise aujourd'hui, c'est l'action écologique, alors que la non violence est l'un des principes fondamentaux de la désobéissance civile. La radicalité n'est pas liée au côté spectaculaire d'une action mais à sa capacité à faire reculer le système. En réalité, la violence vient de la répression. Sauvons la biodiversité rassemble des idées pratiques et il n'y avait pas d'équivalent à sa sortie. Malgré tout, ça ne se vend guère. Heureusement que la nouvelle génération prend le relais sur les réseaux sociaux : Camille Étienne, Vincent Verzat, Hugo Clément, Léna Lazare… »
L'EXPÉRIENCE AU FESTIVAL DE MÉNIGOUTE
« Le Festival de Ménigoute, c'est vraiment la rencontre avec des grands noms de la protection de la nature. Pour moi, c'était se retrouver dans un monde avec des gens que j'avais lus : Michel Terrasse, Allain Bougrain Dubourg, que je connais depuis que j'ai 15 ans et qui m'avait prise en stage d'ailleurs. Je retrouvais des personnes militantes du terrain, des réalisatrices et des réalisateurs, des autrices et des auteurs, des politiques aussi, Delphine Batho, Michel Rocard, Ségolène Royal… C'étaient des personnalités, comme Paul Watson, Francis Hallé. C'est un lieu de rencontre avec des gens de tous horizons, et en même temps c'est un lieu familier, je suis dans mes charentaises là-bas ! On se ressource, il y a de la chaleur, il y a de l'amitié. Qu'il pleuve ou qu'il fasse beau au Festival de Ménigoute, peu importe, c'est une espèce de pèlerinage, une transhumance. »
L'anecdote vécue au Festival de Ménigoute
« On faisait des tests de son sur le plateau de la Web TV et j'ai demandé à Michel Rocard s'il m'entendait car il était appareillé, déjà âgé. Il m'a répondu avec un sourire malicieux : « Je crois ». Quand il a prononcé cette phrase, déjà drôle, je n'ai pas pu m'empêcher de le visualiser tel qu'il était représenté dans Le Bébête Show,, c'est-à-dire en corbeau Rocroa, puis dans Les Guignols de l'info, avec ce phrasé proche du croassement. Comme j'étais stressée, ça m'a un peu détendue ! »
La rencontre faite au Festival de Ménigoute
« Michel Rocard ! À l'époque, il y a dix ans, il était ambassadeur des pôles. C'était deux ans avant sa mort. Même s'il n'entendait pas bien, on sentait qu'il avait une vivacité intellectuelle intacte. Il a fait sa conférence sans aucune note et il était très charismatique. »
L'œuvre découverte au Festival de Ménigoute
« C'est la première mouture du film La panthère des neiges, qui s'appelait La part des bêtes en 2018, de Marie Amiguet et Vincent Munier. J'ai vraiment adoré ce documentaire. Ce qui est intéressant, c'est que j'ai vraiment pu suivre l'évolution de cette version, ce qu'elle est devenue au cinéma, et qui a été césarisée ensuite. C'est incroyable comme parcours. »
POUR ALLER PLUS LOIN
La recommandation
« La BD Le Droit du sol d'Étienne Davodeau (2021).
Ça raconte la traversée à pied de 800 km de l'auteur depuis la grotte de Pech Merle dans le Lot jusqu'à Bure. L'idée étant de dire « voilà ce que nous ont légué nos ancêtres, de très belles gravures rupestres » et « voilà ce qu'on va laisser, des déchets nucléaires ». Pendant le parcours, l'auteur chemine avec des personnes qui font des recherches dans différents domaines pour exprimer leur avis et c'est brillant. La BD est un vecteur intéressant pour les gens qui n'aiment pas forcément lire parce que les essais liés à l'écologie sont souvent indigestes. C'est vraiment la quintessence de ce que j'aimerais réussir. »
L'actualité
« Au fil de la Loire, Récit d'une descente en canoë-bivouac sort le 12 avril aux éditions Delachaux et Niestlé. C'est la première fois que je fais un récit, même s'il y a aussi une approche documentaire avec des encadrés. C'était un travail de terrain puisque je prenais des notes pendant la descente de mes acolytes, le photographe Erwan Balança et l'aquarelliste Yves Fagniart. On faisait des points régulièrement, je me suis aussi beaucoup documentée sur la Loire et j'ai réalisé les interviews lors des rencontres avec des naturalistes, des pêcheurs, des vignerons… Ce travail m'a pris six mois, six mois où j'ai bu et mangé Loire ! Pour m'imprégner, j'ai lu sept récits de descentes de canoë. Je suis une éternelle étudiante, déjà parce que je ne me sens pas vieillir, mais surtout parce que ce qui me stimule dans ce métier, c'est que j'ai toujours plaisir à apprendre de nouvelles choses et à les transmettre. »
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Catherine Levesque-Lecointre © Eric Lecointre
Webtv avec Michel Rocard © Festival de Ménigoute |
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